Une « université populaire » pour démocratiser l’histoire des Antilles
L'application de l'université populaire appelée Rjvert sera en ligne le 7 septembre. Un projet mené par le Guadeloupéen Maël Lavenaire pour rendre l'histoire des Antilles accessible au plus grand nombre.
Publié : 31 août 2020 à 10h14 par Arnaud Joly
À 32 ans et diplômé depuis tout juste trois ans, Maël Lavenaire a de grands projets pour l’histoire de la Caraïbe. Son objectif ? La rendre accessible à tous. Au mot “vulgariser” qu’il récuse, il préfère le terme “diffuser”. Mais l’idée reste la même : il veut démocratiser le savoir, la culture des Antilles.
Écueil au niveau de l’enseignement
Ce projet, il germe dans son esprit depuis des années déjà, au temps de ses premières années de licence, en 2008. “À l’époque j’avais l’idée de faire un journal papier, explique Maël Lavenaire. Mais ce n’est plus dans l’air du temps ! Alors j’ai finalement décidé de faire une application pour être au plus proche des gens, de leur quotidien”.
Son idée part alors de deux constats. Celui que l’histoire des Antilles n’est pas suffisamment enseignée dans le secondaire, “même si c’est mieux qu’il y a une dizaine d’années”, et celui d’un manquement au niveau de l’enseignement universitaire. “Il y a des lacunes au niveau de la diffusion du savoir auprès du grand public, note le doctorant. Et tout le monde n’a pas l’opportunité de s’inscrire à l'université pour y apprendre son histoire.”
Une université pour l’ensemble de la Francophonie
Pour le Guadeloupéen, l’histoire des Antilles est “assez méconnue”. “Un peuple qui ne connaît pas son histoire ne peut pas se regarder en tant que peuple. On a besoin de la connaître pour comprendre le présent et regarder vers l’avenir.” Si l’Université populaire, nommée Rjvert, s’adresse naturellement aux Antillais, elle est autant destinées aux français de l’Hexagone et plus largement à tous les pays francophones.
Rappelons que les universités populaires sont généralement des organismes associatifs qui proposent des formations accessibles au plus grand nombre.
Plus largement, pour l'universitaire, Rjvert répond à une demande sociale dans un contexte de remise en question de monuments à l'effigie de personnages historiques contestés : "L'actualité me montre qu'il y a des interrogations. Je veux permettre aux gens de développer leur propre pensée à partir d'une connaissance la plus objective possible".
Une économie du savoir
Si la plupart des universités populaires sont associatives, l'historien a décidé de lui donner le statut d’entreprise. “C’est de l'entreprenariat culturel, explique le Guadeloupéen. L’idée c’est de participer au développement d’une économie du savoir.”
L’accès à l’application repose ainsi sur deux formules. Une gratuite qui permet d’avoir un libre accès à une partie du contenu (cours écrits, vidéos, conférences, résumés...). Et une réservée à ceux “qui veulent aller plus loin” et assister aux cours magistraux et conférences par exemple. L’abonnement est fixé à 6 euros par mois.
Dans les prochaines semaines, les premiers cours porteront ainsi sur les évènements qui ont marqués l'histoire des Antilles dans les années 1960, à travers un entretien avec Jean-Pierre Sainton (professeur à l'Université des Antilles) ou encore sur l'histoire des femmes de la Caraïbe avec une présentation des travaux de l'historienne Clara Palmiste.