Procès des attentats de Paris : les avocats veulent « faire entendre la voix » de Clarissa Jean-Philippe, la policière martiniquaise tuée à Montrouge
Le procès des attentats de Paris en 2015 va s'ouvrir ce mercredi. Cinq ans après l'attaque de Charlie Hebdo, de l'hyper Cacher et la fusillade de Montrouge, les familles des victimes, notamment celle de Clarissa Jean-Philippe espèrent enfin obtenir des réponses à leurs questions.
2 septembre 2020 à 9h28 par Arnaud Joly
La famille de Clarissa Jean-Philippe n’entend pas faire de la figuration au procès des attentats de Paris qui va s’ouvrir ce mercredi 2 septembre à Paris. Marie Louisa Jean-Philippe, la mère de la policière martiniquaise de 26 ans tuée le 8 janvier 2015 par Amédy Coulibaly a choisi de faire confiance au bâtonnier de la Guadeloupe, maître Charles Nicolas pour défendre la mémoire de sa fille.
Une armada d'avocats
L’avocat a rencontré la mère de Clarissa dès le début de l’affaire "grâce à un ami commun", explique-t-il. Depuis, l’avocat et la famille ne se sont plus quittés. Pour ce procès hors norme qui va durer deux mois et demi, maitre Nicolas a mis en place une "équipe de choc". Au total huit avocats vont épauler la famille à tour de rôle. Seul maitre Laurent Hatchi suivra le procès de bout en bout.
L’équipe se concentrera sur les dates des 17 et 18 septembre au procès. C'est à ce moment-là que sera examinée en détail de cette journée du 8 janvier 2015 au cours de laquelle Clarissa Jean-Philippe a été tuée d’une balle dans le dos. La mère de Clarissa viendra à la barre pour témoigner.
Malgré sa santé durement éprouvée par la maladie, elle souhaite absolument être présente à Paris, précise maître Nicolas. "Pour Marie Louisa Jean-Philippe le choc va être intense car elle sera en présence de personnes qui ont contribué à la mort de sa fille", souligne l’avocat.
"Un travail colossal"
Lors de ce procès qui sera filmé de bout en bout pour l’histoire,
14 personnes vont comparaître. Il ne s’agit pas des auteurs des faits qui ont été abattus par la police mais de leurs complices présumés, à divers degrés. Pour un tel procès, la documentation est énorme, "le travail colossal" comme l'explique maître Pascale Edwige, également avocat de la famille de Clarissa.
La voix de Clarissa
Avec ce procès, l’équipe d’avocats souhaite "faire entendre la voix de Clarissa" trop souvent négligée aux yeux de la famille de la policière. "Elle est tombée dans l’exercice de ses fonctions policières. On lui a tiré dans le dos, abattue sauvagement. Nous ferons le travail pour que sa voix se fasse entendre", insiste maître Nicolas.
"La famille de Clarissa espère comprendre ce qui a conduit à ce déchainement de violence contre leur fille", ajoute maître Laurent Hatchi. L’auteur principal ne sera pas là donc ce sera compliqué. Mais nous sommes là pour veiller à ce que la famille soit complétement présente", insiste-t-il.
La mère de Clarissa ne sera pas seule à ce procès. Son frère, ses sœurs ainsi que son fils, le frère de Clarissa, feront également le voyage pour l’aider et dans ce procès-fleuve qui s’annonce à la fois nécessaire et douloureux pour les familles des victimes.