Les bracelets anti-rapprochement pour les conjoints violents sont arrivés en Martinique
À compter du 23 novembre 2020, les bracelets anti-rapprochement sont disponibles en Martinique. Cet équipement électronique qui se porte à la cheville, impose aux compagnons violents de garder leur distance avec leurs victimes.
24 novembre 2020 à 17h54 par Arnaud Joly
Nouvelle étape pour les féministes, dans le cadre de la lutte contre les violences conjugales. Comme prévu, le préfet de Martinique, le procureur de la République, le service pénitentiaire d’insertion et de probation, la police, la gendarmerie, ainsi que des associations de prévention (l’ALEFPA et l’ADAVIM - France Victimes) ont signé ce lundi 23 novembre 2020 en Martinique, la convention de mise en place des bracelets anti-rapprochement.
Ce nouvel équipement électronique qui existe déjà en Espagne par exemple, est dédié précisément à la protection des victimes au sein du couple.
Martinique 1ère ont récolté plusieurs témoignages du procureur de la République et des associations concernant cette mesure.
« Celui-ci permettra, dans certaines conditions précises, de savoir lorsqu’un individu poursuivi ou condamné pour des faits de violences au sein du couple se rapproche de sa victime, ce qui déclenchera alors une intervention immédiate des forces de l’ordre. » (Renaud Gaudeul - procureur de la République en Martinique)
La mise en place de cette mesure intervient en pleine campagne pour l’élimination des violences faites aux femmes.
« L’UFM se félicite de la mise en place du dispositif, lequel doit aider à sécuriser les victimes. Nous connaissons à la Maison de Solange (espace d’accueil et d’accompagnement pour les femmes victimes de violences de l’UFM), l’angoisse de nombreuses femmes qui nous racontent le harcèlement qu’elles endurent de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Il peut souvent impunément les suivre partout, et même les précéder dans leurs lieux habituels, roder autour de leur maison ou même entrer en leur absence, les pister dans le parking de leur travail, détériorer leurs biens personnels, les agresser… »
L’Union des Femmes de Martinique souhaite « qu’une évaluation publique du dispositif soit faite après sa mise en place. »
« Les femmes concernées sont obligées souvent de se cacher, et de vivre dans une peur permanente. Cette mesure permettra donc de les rassurer, par une mise à l’abri en cas d’alerte, et en étant aussi dissuasive pour les auteurs ou ex-auteurs. » (Rita Bonheur, présidente de l’UFM)
De son côté, Culture Égalité (autre association féministe), se félicite également de « cette avancée » dans la protection des femmes victimes de violence conjugales.
« C’est une promesse des grenelles et nous espérons que toutes les conditions de son fonctionnement seront effectives pour qu’il soit efficace. En effet, cette mesure mobilise un certain nombre d’acteurs de la justice et du monde associatif et il est fondamental que la collaboration soit efficiente.
Le bracelet ne peut pas être isolé de l’ensemble des réponses qu’attendent les femmes et les associations qui les accompagnement c’est à dire : l’accueil lors des dépôts de plainte, des hébergements d’urgence en nombre suffisant, des procédures rapides. » (Culture Égalité)
« Il est donc fondamental que l’ensemble de l’arsenal de protection fonctionne et que les possibles défaillances techniques soient maitrisées » souligne Culture Égalité.
« Si la pose de ce bracelet peut rassurer les femmes, on ne peut ignorer son potentiel anxiogène pour la victime qui se sent toujours « raccordée » à son bourreau, d’où la nécessité d’un accompagnement parallèle. » (Rose Bonheur - membre de Culture Égalité)
Ce dispositif est encore en phase expérimental en France continentale, tandis que la Martinique est le premier territoire d’Outre-mer à participer à cette expérimentation.