Covid-19 : les hôteliers des Antilles-Guyane redoutent la mort de leurs établissements
« Si des mesures fortes de soutien spécifique au secteur de l'hôtellerie ne sont pas envisagées, rapidement, et sur les deux prochaines années, de très nombreuses entreprises hôtelières mourront ». c'est le cri d'alarme des professionnels des Antilles-Guyane et de Saint-Martin.
Publié : 25 mai 2020 à 10h03 par Arnaud Joly
Sans détours, des représentants et exploitants hôteliers de la Guyane, de Saint-Martin, de la Guadeloupe et de la Martinique expriment d’une même voix (dans un communiqué daté du 19 mai 2020), leurs angoisses quant à l’avenir de leur activité. En cause, la pandémie et ses conséquences, pendant et après.
« Parce que les métiers de l’accueil ne sont pas "dématérialisables", les entreprises de l’hôtellerie sans exception, sortiront toutes meurtries voire dévastée par les mesures de confinement adoptées, à tort ou à raison, pour juguler la pandémie de covid-19. » (Les professionnels)
Une reprise "balbutiante" redoutée
Certes, ces exploitants hôteliers souhaitent rouvrir au plus vite. Mais ils craignent une reprise trop "balbutiante", alors que l’activité de la filière hôtellerie-restauration a diminué de 90% sur l'ensemble du territoire de France, selon la note de conjoncture du mois de mai 2020 de l'INSEE.
Après une visioconférence entre ces derniers et le chef de l’État Emmanuel Macron (le 24 avril 2020), un plan d’aide pour soutenir le secteur a été annoncé par l’exécutif. Puis, un comité intermistériel sur le tourisme s'est tenu le 14 mai.
On sait déjà que les cotisations patronales et sociales, de mars à juin 2020, devraient être annulées et qu’un fond d'investissement sera mis en place progressivement, en plus de la prolongation du dispositif de chômage partiel.
Le gouvernement doit communiquer à la fin de ce mois de mai, sur un calendrier de reprise de l’activité, accompagnée d’un plan de relance.
« La baisse spectaculaire de l’offre aérienne pour les Antilles et le renchérissement probable du coût des billets d’avion qui découlera au moins temporairement d’une absence de concurrence, laissent présager, en outre-mer plus encore qu’en métropole, une reprise très lente et très progressive de l’activité hôtelière. Au plan général, la contraction économique sans précédent qui va résulter du gel complet de l’activité de nombreux secteurs marchands, inspire également des craintes concernant la prochaine haute saison touristique et, a minima l’ensemble de l’année 2021. » (Les hôteliers)
Des "mesures fortes de soutien" espérées
Ces acteurs des Antilles-Guyane et de Saint-Martin espèrent d’une même voix "des mesures fortes de soutien spécifique" sur les deux prochaines années, sinon disent-ils, "de très nombreuses entreprises hôtelières mourront, entraînant la destruction de nombreux emplois à l’échelle de ces économies locales déjà très fragiles."
Les souhaits du secteur
- "La prolongation du chômage partiel jusqu’au mois d’août 2021 et la mise en place d’une disposition complémentaire pour permettre d’amortir le coût de la masse salariale pendant la remontée en puissance des établissements ;
- La prolongation et le renforcements des PGE (Prêts Garantis par l'Etat), avec une garantie portée à 100% ;
- La prolongation du mécanisme de report automatique des échéances bancaires porté à 12
mois ;
- L’exonération des charges pour la période de mars à décembre 2020 ;
- La suppression des charges fiscales fixes au titre de 2020 ;
- Le renforcement juridique de l’encadrement de la relation hôtelier/OTA (agences de voyages en ligne) ;
- L’atténuation de la responsabilité des exploitants sur le respect des protocoles sanitaires ;
- L’alignement des règles applicables aux loueurs en meublés touristiques (y compris fiscales) sur celles en vigueur dans l’hôtellerie."
Ces doléances sont portées également par Sébastien Bazin, le président du groupe ACCOR, un allié de poids pour les opérateurs du bassin atlantique.