Coupures d’eau : les usages en colère en Martinique !
Excédés et en colère, les usagers qui sont privés régulièrement d'eau potable n'en peuvent plus. Certains font leurs besoins dans la nature, d'autres font leur toilette dans une bassine. Ils appellent le préfet à réquisitionner les opérateurs d'eau.
Publié : 6 mai 2020 à 10h41 par Arnaud Joly
Après le Carême, les Martiniquais subissent des coupures d’eau sans voir aucune solution à l’horizon. Le coup de poing diplomatique et efficace du préfet de Martinique a fait bouger tous les acteurs qui interviennent dans ce domaine mais les usagers se demandent pourquoi une crise sanitaire est nécessaire pour en arriver là.
Et surtout, ils constatent que l’eau n’est pas revenue dans tous les secteurs. Les opérateurs annoncent des conférences de presse mais les usagers attendent de l’eau au robinet. Si la préfecture déclare que les deux forages de Bouliki (Saint-Joseph) sont enfin opérationnels (lundi 27 avril 2020), de nombreux autres riverains en Martinique attendent toujours, notamment au Lamentin.
Faire sa toilette dans une bassine !
La mairie vient de livrer aux habitants trois packs d'eau. Un pis-aller pour cette jeune maman en télétravail qui s’est confié à Martinique 1ère.
« J'utilise de la vaisselle jetable pour ne pas avoir à utiliser de l'eau des bouteilles ! Bonjour l'écologie !! Je cuisine avec un peu d'eau et je garde les bouteilles pour me laver les mains et faire des toilettes dans une bassine ! Rendez-vous compte ! Nous sommes bien en Martinique ? Nous sommes bien au 21e siècle et pas dans un pays du tiers-monde ? Le pire c'est que mes factures sont mensualisées et que l'opérateur prélève tous les mois une moyenne de 22,50 euros pour ma consommation d'eau. Quelle consommation d'eau ? »
Faire ses besoins dans la nature !
Cet habitant du quartier Haut-californie au Lamentin vient de a fait parvenir un message à nos confrères :
« Nous ne pouvons pas vivre normalement car pour se baigner le matin on doit chercher de l'eau potable et dans ces temps de covid-19 nos amis ont peur de nous recevoir même pour une douche. Les citernes mis à disposition sont sales et le fond de la citerne est noir. Dans ma résidence les gens font leurs besoins dans la nature. Nous n'arrivons pas à faire la vaisselle, laver notre linge, avoir une alimentation et une hygiène de vie correcte ! »
En Guadeloupe le préfet tape du poing sur la table
En Guadeloupe, le préfet a réquisitionné certains opérateurs d'eau potable depuis le 24 avril 2020 :
« En pleine crise sanitaire, la situation précaire de l'eau est encore plus inacceptable. » Philippe Gustin. Préfet de Guadeloupe.
Selon Philippe Gustin, la situation précaire de l'eau est encore plus inacceptable, en raison de la nécessité absolue et parfois vitale de se laver les mains fréquemment. C'est l'un des principaux gestes barrières prônés par les autorités.
Selon nos confrères de Guadeloupe la 1ère, la présidente du Conseil départemental, Josette Borel Lincertin n’a pas tardé à réagir. Si elle prend acte de la décision du préfet de Région, Josette Borel Lincertin déplore : « Une fois encore - une fois de trop sur ce dossier - les divisions des EPCI (établissement public de coopération intercommunale) ouvrent la voie à la prise en main par l’Etat d’une compétence historiquement dévolue aux municipalités et à leurs groupements. Comme s’il y aurait d’un côté ceux qui souhaitent de l’eau dans les robinets des Guadeloupéens et de l’autre ceux qui ne le souhaiteraient pas… »