Coronavirus : l'avis du Conseil Scientifique pour les Outre-mer
Le Conseil scientifique, sollicité par la Ministre des outre-mer pour donner son avis sur les mesures engagées et à développer contre l'épidémie de Covid-19 dans les outre-mer, recommande de mettre à profit le décalage épidémique avec l'hexagone pour que les territoires se préparent et mettent en -uvre les mesures pour freiner localement l'épidémie et mieux gérer l'afflux des malades dans les structures hospitalières.
6 mai 2020 à 11h01 par Arnaud Joly
Les territoires d’outre-mer sont frappés par l’épidémie de Covid-19 avec un décalage de plusieurs semaines dans le temps par rapport à la métropole. Le confinement général y a été décrété au même moment, le 17 mars.
Pour être efficace, cette mesure doit être strictement mise en œuvre et bénéficier d’une large adhésion de la population, comme ceci semble être le cas. Mais le stade précoce de l’épidémie et l’insularité de la plupart des territoires d’outre-mer rendent possibles d’autres mesures pour freiner la propagation de l’infection, fondées sur une utilisation plus large des tests de diagnostic, avec un isolement des patients positifs, et des mesures de quarantaine des nouveaux arrivants.
Les situations des territoires d’outre-mer sont hétérogènes et les mesures, pour être opérationnelles, doivent être réalistes et adaptées aux contextes. Elles doivent être différenciées selon les territoires et élaborées avec les autorités et les acteurs impliqués.
Voici les recommandations :
1. Poursuivre le confinement strict dans les territoires d’outre-mer, jusqu’au décours de la vague épidémique, en intensifiant les mesures en faveur des populations précaires, comme l’aide alimentaire, avec l’aide des associations locales et éventuellement des Forces Armées déployées.
2. Renforcer dès à présent les hôpitaux en doublant leur capacité d’accueil en lits de réanimation pour les cas graves de Covid-19. Renforcer les laboratoires de biologie, avec des équipements qu’ils connaissent et des moyens humains venant de métropole si cela est nécessaire pour le diagnostic du SARS-CoV-2.
3. Continuer, dans un contexte de faible arrivage, à pratiquer la quatorzaine à l’arrivée des voyageurs, idéalement en structure dédiée, assortie d’un test de dépistage RT-PCR immédiat à tous les voyageurs symptomatiques et systématiquement à tous les voyageurs en fin de quatorzaine.
4. Renforcer en nombre et en formation les équipes hospitalières, en mobilisant éventuellement la Réserve Sanitaire et le Service de Santé des Armées, pour pallier à la pénurie de personnels de santé dans certains territoires.
5. Mettre en place, en appui aux mesures de quatorzaine préventive, un isolement des cas dans des structures dédiées et un suivi actif des contacts.
6. Pour Mayotte spécifiquement, envisager l’installation d’une structure extrahospitalière médicalisée pour l’isolement des malades non graves du Covid-19.
7. Tester, tester, tester. A ce stade épidémique dans les outre-mer, toute personne suspecte de Covid-19 doit pouvoir bénéficier d’un test diagnostique. Il faut mettre en place dans chaque département/territoire une unité fonctionnelle RT-PCR, dimensionnée à la hauteur du bassin de population.
8. S’assurer de la bonne disponibilité, sans rupture de stock pour les soignants, des masques, des équipements de protection individuelle et des solutions hydro-alcooliques.
9. Renforcer dès à présent les équipes d’épidémiologie et de suivi des contacts, sous la coordination de l’équipe locale de Santé publique France.
10. Permettre en usage compassionnel, voire dans le cadre de protocole de recherche pour certains territoires, l’accès aux traitements antiviraux qui auront montré leur efficacité contre le Covid-19 en analyse intermédiaire d’efficacité des études cliniques en cours.
Voici l'avis du conseil scientifique au complet : cliquez ici.