En Outre-mer, la campagne municipale au rythme du zouk, de la salsa ou du ragga

Clip de campagne ou simple hymne de meeting, de nombreux candidats ont une chanson à leur nom, invitant les électeurs à voter pour eu aux municipales.

Publié : 6 mai 2020 à 13h32 par Arnaud Joly

Le Gosier, Guadeloupe

Création complète ou chanson inspirée d'un air populaire, on retrouve ces musiques de campagne, au rythme de zouk, salsa, séga, ragga ou mazurka, notamment en Guadeloupe, en Martinique, à la Réunion et en Guyane. Avec des refrains simples mais entêtants: "votez Jocelyne", invite donc à choisir la candidate Jocelyne Virolan, tête de liste au Gosier.



Le message est parfois réduit à sa plus simple expression: "André Lesueur, André Lesueur, Rivière-Salée, fier d'être Saléens", répète en boucle la chanson pour le maire sortant de Rivière-Salée, en Martinique, qui a repris un air connu de salsa du chanteur américain Marc Anthony. D'autres textes sont plus élaborés, comme à Sainte-Anne en Guadeloupe où l'hymne au maire sortant valorise l'action de l'édile sur un zouk avec solo de tambours.



Certains candidats s'appuient sur leurs militants pour créer la chanson, d'autres font appel à des professionnels : la chanteuse de zouk Paméla Pommier a mis son talent dans un clip au profit de Guetty Labuthie, candidat dans la commune de Morne-à-L'Eau en Guadeloupe : "Unissons-nous ensemble, ensemble pour Guetty Labuthie", chante-t-elle, évoquant "l'homme de tes rêves, un réconciliateur", sur des images montrant le candidat en campagne ou se promenant en bord de mer.



"C'est une pratique courante surtout en Guadeloupe, moins en Martinique, avec des chansons aux paroles souvent répétitives, un rythme entrainant, et le nom de l'élu qui se présente. Pratiquement chaque maire guadeloupéen a sa chanson", explique à l'AFP une spécialiste en communication, basée aux Antilles, sous couvert d'anonymat.  Même chose à La Réunion : "Ça permet de construire une identité de campagne", note Christiane Rafidinarivo, politologue et chercheuse associée au Cevipof, qui voit dans ces chansons "une pratique très forte et incontournable" de l'île. 


À Saint-Denis de La Réunion, c'est sur un air d'afro-folk que l'ancienne ministre des Outre-mer Ericka Bareigts (PS), fait campagne : un chanteur affirme, en créole réunionnais, que "c'est Ericka qu'on veut, oui vote pour elle-même, c'est in gayar madame (une super femme, ndlr)". Son principal concurrent, le président de la région Didier Robert (ex-LR) a lui choisi un ragga, qui scande "Saint Denis avec Didier Robert, tout l'monde les mains en l'air, il est paré pour être maire".



En tout cas, il y a de l’ambiance !