Coronavirus : la Polynésie refuse le confinement malgré une contamination massive

L'hôpital de Tahiti s'était prononcé pour un reconfinement. Mais le président estime que « ce serait une catastrophe économique et sociale ».

1er novembre 2020 à 9h59 par Arnaud Joly

Crédit : AFP

Il n’y aura pas « à ce stade » de reconfinement en Polynésie, ont annoncé ensemble le haut-commissaire et le président de cette collectivité d’outre-mer vendredi. Une décision prise en dépit d’un taux d’incidence de 884 à Tahiti et Moorea, très supérieur à celui de la métropole.


« Un confinement, comme nous l’avons vécu en avril dernier, serait un nouveau blocage de la vie quotidienne dans notre pays : arrêt de travail, arrêt des déplacements, arrêt de nos écoles, des cultes… ce serait une catastrophe économique et sociale pour tous les Polynésiens », a justifié Edouard Fritch, le président de la Polynésie, collectivité d’outre-mer, autonome en matière de santé.


Taux d'incidence multiplié par 4 à 5


Le taux d'incidence, largement supérieur à celui de la métropole, « a été multiplié par 4 à 5 en quatre semaines » a indiqué le ministère de la Santé local, selon qui 50 % des patients testés sont positifs.


Les personnes qui ne présentent aucun symptôme ne sont plus testées : le nombre de cas positif est donc bien supérieur aux chiffres officiels.


Jeudi, l'hôpital de Tahiti s'était prononcé en faveur du confinement. « Avec plus de 400 nouveaux cas positifs par jour ce dernier mois, la Polynésie s'est hissée, malheureusement pour nous, parmi les pays au plus haut taux d'infection du monde », a reconnu Edouard Fritch lors d'un point presse.


Couvre-feu maintenu


La Polynésie française ne referme pas non plus ses frontières, pour permettre aux touristes de continuer à venir, même si le haut-commissaire Dominique Sorain a souligné un « effondrement de l'activité touristique », pilier de l'économie locale, qui entraîne dans sa chute une baisse du PIB de 10 %.


Le haut-commissaire et le président ont en revanche maintenu le couvre-feu et durci d'autres mesures visant à limiter les rassemblements : les salles de fêtes et de réunions sont ainsi toutes fermées. Les bars et les établissements sportifs couverts restent également fermés.


« C'est l'ultime étape avant le confinement, nous sommes sur une ligne de crête », a toutefois prévenu le haut-commissaire, qui a exhorté la population à mieux respecter les gestes barrière, même en famille, et à reporter les fêtes familiales et amicales.


33 patients décédés


Sans fléchissement de la courbe épidémique, l'hôpital pourrait arriver à saturation dès le mois de novembre. Il a sollicité la réserve sanitaire nationale, d'autant plus que 7 à 8 % des soignants ont déjà été contaminés, selon sa directrice Claude Panero.


Le plan blanc activé par le Centre hospitalier de la Polynésie française a déjà coûté plus de huit millions d'euros.


Trente-trois patients sont décédés du Covid-19 en Polynésie française.